En attente du départ de la glace
série photographique

"Dans sa série photographique En attente du départ de la glace, Liis Lillo nous plonge dans des paysages hivernaux empreints de silence et de mystère. Inspirée par les longs hivers de son enfance en Estonie, l’artiste explore le moment où la nature, figée dans le gel, semble suspendue entre deux états : l’immobilité imposée par la glace et la promesse de la fonte, qui annonce le renouveau. En ancrant son travail dans ces paysages familiers, l’artiste crée un pont entre mémoire personnelle et réflexion universelle. Ce projet interroge notre relation au temps, à l’environnement et aux transformations, qu’elles soient naturelles ou intérieures. " 

                                                                                                                                                                                              Charlène Armengaud

 
"Toute vraie photographie exige une accommodation du regard. Avec les photographies de Liis Lillo, c'est du blanc le plus intense que surgit ce secret. Prise dans la glace, la figure s'estompait, attendant qu'avec le temps s’identifie ce qui, là, exigeait du regard, demandait à surgir, à "monter", terme sensible à toutes les personnes qui développent leurs propres photographies. Là, dans cet imperceptible se devine une figure qui danse, qui demande à se métamorphoser comme chrysalide en ses limbes. Alors, à qui sait attendre, monte le sentiment d'une renaissance, d'une vie potentielle, d'une libération de la focale qui redonne un espace à appréhender, à vivre potentiellement.

Le mystère de la captation est là, fait de cette rétraction de l'œil sur l'objet invisible, le sujet de la photographie, et sa progressive libération, ouverture à l'espace dans le battement renouvelé du regard qui suscite une véritable libération progressive de l'espace à habiter, sa renaissance. Ainsi, sans emphase, sans même avoir l'air d'y toucher, renaît le sens de l'espace, d'un espace à protéger, à réapprendre. Et le blanc de la vision devient espace tactile, dont la tendre compacité est figure de la fragilité d'un monde qui demande à réapparaître pour qui sait en attendre la métamorphose à venir, tectonique des plaques glaciaires renouvelée, interrogeant notre façon d'habiter le monde pour qu'il nous reste ce monde avec qui nous ne faisons qu'un, si du moins, nous acceptons encore de comprendre que nous ne faisons qu'un avec lui. Aux limites de l'être, sans mots, il apparaît. Toute glaciation appelle ce dégel qui nous rend à la conscience de ce monde qui nous fait être, indissolublement porteurs de la mémoire de ce qui nous a fait être."

Didier Samson
vue d’exposition collective dans le cadre de Journées Portes ouvertes, isdaT, 2023
vue d’exposition collective dans le cadre de Journées Portes ouvertes, isdaT, 2023
vue de l’exposition Habit-A, 14e festival A Ciel Ouvert, Espace Photographique Arthur Batut, Labruguière, 2021
vue de l’exposition Habit-A, 14e festival A Ciel Ouvert, Espace Photographique Arthur Batut, Labruguière, 2021